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Amour et dépendances

21 janvier 2013

"¨Tiens, un petit bonbon pour te consoler"

Cette phrase, c'est la première dont je me souviens venant de la bouche de ma mère et relative à une prise alimentaire consolante...petite, quand je pleurais car je m'étais fait mal, elle ouvrait une boîte en fer et me donnait une tablette (ces petits carrés blancs de sucre) ou un petit jésus rose suivant la saison... Je lui étais alors si reconnaissante de s'occuper de moi et de prendre en compte mon chagrin.

À table il fallait toujours que je termine mon assiette pour mériter mon dessert...Alors bien sûr je le faisais même si j'avais du mal parfois. Car je n'aimais pas, ou que je n'avais plus faim peut-être...

Le pire dans tout cela, c'est que mes goûts n'étaient pas portés sur le sucré ! Mais que n'aurais-je pas fait pour faire plaisir à maman...pour être une gentille fille et donc mériter son amour.

Les meilleurs souvenirs que j'ai gardé de mon père, c'est quand il s'occupait de moi en me beurrant généreusement une tartine avant de la recouvrir d'une tranche de gouda puis d'une autre tartine. Il y avait alors tant de beurre qu'en l'entamant le gouda glissait et cela m'écoeurait...mais jamais je ne l'ai dit. J'étais si heureuse qu'on s'occupe de moi ! Il y avait aussi ces oranges que papa découpait pour former une fleur avant de me la donner...quel beau cadeau, j'étais ravie. Et au moins ça c'était bon, cela ne m'écoeurait pas.

Mais il y avait aussi des interdits alimentaires, que mon père m'imposait. Je n'avais pas droit au saucisson ni au camembert. Il en avait décidé ainsi. C'était censé ne pas être bon pour moi. Cet interdit était difficile à vivre quand je voyais mes cousins plus jeunes en manger. Je ne comprenais pas pourquoi moi j'étais différente.

Ce qui est "amusant" c'est que de ma vie je n'ai jamais apprécié particulièrement le saucisson ni le camembert...et que je ne mange que rarement du beurre, encore moins avec du fromage...je continue cependant bien sûr à adorer les oranges...

Ma mère cuisinait gras et en outre j'ai pris en grandissant un bon appétit (ou était-ce déjà pour compenser un manque d'affection ?). Frites et mayonnaise tous les samedis midis...j'ai souvent eu des crises de foie car je mangeais trop. Je goûtais beaucoup également l'après-midi en rentrant de l'école (j'ai fait la même chose plus tard en rentrant du bureau), et je buvais énormément de lait. J'ai vite pris de l'embonpoint. Ma mère a toujours dit que ce n'était pas à cause de sa cuisine, mais des 4 gros rochers en chocolat que pendant des mois mon instituteur de CE1 me donnait à la récréation (et que je mangeais, alors que cela m'écoeurait, pour lui faire plaisir...). Pourquoi à moi ? parce que l'instituteur était un ami de maman. J'ai appris plus tard que c'était un ancien amoureux...

Quand j'étais adolescente, j'allais à la cave piquer dans la réserve de gâteaux apéro assez régulièrement, dont je mangeais alors le paquet entier. Quand je révisais pour le bac (j'avais alors minci en supprimant notamment les boissons sucrées) je m'enfilais des paquets de biscuits sucrés...

Les années ont passé, j'ai continué à faire attention à ma ligne pour plaire aux garçons (mon premier amant me trouvait toujours trop potelée et j'essayais de m'amincir le plus possible) mais toujours j'ai eu des périodes de goinfrerie...

Adulte, épouse et mère, j'ai surtout mangé (en cachette) en période hivernale, principalement l'après-midi. À une époque je me faisais même vomir pour ne pas grossir. Plus le temps a passé, plus les crises sont devenues fréquentes et importantes. Surtout du salé, des biscuits apéro ou du pain et du fromage. J'arrivais toujours à reperdre au printemps les 3 ou 4 kilos pris pendant les mois hivernaux. Et puis les crises sont apparues toute l'année... et fin 2005, quand ma première vraie dépression est arrivée, ça a été tous les jours.

J'ai suivi une première psychothérapie qui n'a pas du tout résolu ce problème (la thérapeute choisie au hasard n'était pas spécialisée en problèmes alimentaires) mais a résolument modifié mon comportement vis-à-vis de mes parents et de mon mari de l'époque (en 2006 j'ai voulu me séparer mais la peur de ne pas subvenir à mes besoins financiers et aussi mes enfants encore jeunes m'en ont dissuadé). Un jour, après avoir pris 17 kilos, j'ai eu un déclic et j'ai entrepris un régime qui m'a fait tout reperdre en quelques mois.

J'en ai repris 23 pendant la période très difficile de ma vie qui a suivi, de 2009 à début 2012...Deux amants, séparation d'avec mon mari pour suivre l'un d'eux, mise en ménage se terminant par un échec, emménagement seule avec mes 2 enfants une semaine sur deux, divorce prononcé, rejet de ma mère, de mon frère, histoire sentimentale très tumultueuse et douloureuse qui ne s'est terminée qu'en ce début d'année...j'ai refait un régime en avril 2012 qui m'a fait reperdre 16 kilos...mais ces derniers mois j'ai repris 4 kilos car je recommence mes crises...J'essaie de ne pas m'affoler, de me dire que ça va aller mieux bientôt.je suis suivie psychologiquement, cette fois par des personnes spécialisées en nutrition. J'ai eu des clés mais je n'arrive toujours pas à m'en servir...

Aujourd'hui je sais que j'essaie de taire en moi un profond sentiment d'abandon. Je remplis le vide par de la nourriture, beaucoup de nourriture. Je me console. Parfois je me punis aussi. Ou alors je me félicite, je me dis que c'est la seule récompense que je peux m'accorder pour tous les efforts que je fais dans ma vie, notamment pour ne pas sombrer. L'alimentation pour moi a de nombreuses utilités, hélas l'excès est nocif et je sais bien que tout le gras que j'ingurgite me ruine la santé à petit feu, tout en entamant une estime de moi très peu développée car je m'en veux de ne pas savoir me contrôler. Le manque de contrôle de mes émotions et la carence affective mamènent à me remplir l'estomac à l'excès. On appelle ça l'hyperphagie. Depuis bien longtemps je garde tout, je ne me fais plus vomir.

J'ai toujours l'espoir, l'espoir qu'enfin j''arrive un jour pas trop lointain à mieux gérer ce problème dans ma vie. Pour cela il faut que j'aille mieux dans ma tête, c'est certain. J'ai encore beaucoup de problèmes à  régler avec moi-même et dans mes rapports aux autres. En particulier avec ma mère, et les hommes...

Je suis dans une période assez difficile de nouveau : rupture d'avec mon ami dont l'histoire tumultueuse durait depuis 3 ans et demi, et dispute avec ma mère en début d'année, laquelle reste fâchée. Je suis sous Effexor (2 par jour) donc mes émotions sont très atténuées, et je ne vis pas trop mal. Je suis très souvent seule chez moi mais je m'occupe bien, et mes pensées sont positives. Mais je mange, un peu moins que dans mes crises d'avant sans le calmant, mais quand même...je me console plus qu'autre chose en ce moment. Mais je commence à être en accord avec moi-même et je crois que j'ai fait des progrès dans mon estime de moi et ma confiance en moi.

J'espère que ce blog m'aidera, et que vos commentaires nous permettront, à vous et à moi, d'avancer sur le chemin escarpé de la guérison. Mais en guérit-on vraiment un jour quand cela fait partie de nous depuis toujours ?

 

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15 janvier 2013

Rupture

J'ai créé symboliquement ce blog en toute fin d'année 2012 pour commencer à écrire à la nouvelle année. Mais le premier de l'an 2013, l'homme avec lequel j'entretenais, tant bien que mal, un lien amoureux depuis plus de 3 ans et demi avait enfin la franchise de m'annoncer, suite à ma demande, qu'il souhaitait sortir d'une relation trop tumultueuse qui n'était pour lui que stress et stop-and-go répétés. Bien sûr, je m'y attendais. Mais quand cela est devenu évident, la chute a été dure.

 

Jusqu'à maintenant je n'ai pas eu le courage de mettre des mots sur mes ressentis suite à cette rupture. Une fois la confirmation apprise par SMS, j'ai appelé. Sous le coup d'une vive émotion, bien entendu. Sa réaction plus agacée qu'autre chose m'a vite fait raccrocher. 

 

Et j'ai pleuré. Beaucoup pleuré.

J'ai mangé, beaucoup mangé. Du salé, du sucré, du gras. Beaucoup, beaucoup de gras. Jusqu'à avoir l'estomac prêt à craquer. Jusqu'à frôler un rejet qui n'est jamais arrivé. L'habitude des trop-pleins, sans doute.

J'ai pris de l'alcool et des anxyolitiques pendant quelques jours, pour m'abrutir.

J'ai beaucoup dormi, même en journée, pendant quelques temps. D'un sommeil fréquemment interrompu, de mauvaise qualité.

Par chance, j'avais quelques jours plus tard rendez-vous avec notre thérapeute commun (un sexologue-psychologue hors du commun, consulté au départ par mon ami pour des problèmes érectiles). Il m'a beaucoup aidée à y voir plus clair. Il m'a notamment fait comprendre que la relation n'avait pas d'issue satisfaisante pour moi. Notre comportement émotionnel si différent, lui tout en retenue et moi si excessive, ne pouvait qu'amener des clashs. Pour que la relation soit paisible comme mon ami le souhaitait, il aurait fallu que je prenne à vie des calmants (que je prends en ce moment, sur avis médical) qui nivelleraient mes émotions et réactions excessives. Mais auraient pour effet très probable de me rendre insatisfaite à terme, avec en plus une absence de libido, non pas due au médicament, mais à l'absence de passion. Je serais une passion addict. Et trop jeune encore pour m'enfermer dans ce genre de relation.

Le jour du rendez-vous avec le médecin, j'ai proposé à mon ami de poursuivre par une relation amicale, avec quelques sorties à deux, ce qu'il a accepté. Je me sentais tellement vide, abandonnée, malheureuse. Mais nous ne nous sommes pas revus car je ne le pouvais pas. Finalement, à quoi bon...l'avoir comme ami ? je savais que mon objectif était de le reconquérir et de revivre la passion avec lui. Mais il ne suivrait pas, sa passion pour moi, pour  notre histoire, s'est éteinte depuis longtemps, alors que la mienne est restée si vive.

C'est difficile au quotidien, à certains moments plus qu'à d'autres...J'essaie de me concentrer sur du concret, sur  mon travail, et de me répéter inlassablement que la rupture est mieux pour nous deux, et qu'une nouvelle vie s'offre à moi. Une vie de célibataire qui fait ce qu'elle veut quand elle le veut, et qui surtout ne fait jamais ce qu'elle ne veut pas faire ! Une nouvelle vie pour moi qui ne suis jamais restée sentimentalement seule bien longtemps dans ma vie. J'ai toujours immédiatement remplacé une relation mourante par une autre...cette fois j'espère arriver à m'en sortir seule. Dans l'espoir, bien sûr, d'en finir avec la dépendance affective. Même si d'après mes lectures, on n'en sort jamais...

 

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